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Substituer le blé importé par des céréales locales : l’expérience sénégalaise réussie

Posted on 17 mars 2025

Dans le cadre du pro­gramme FO4FS, finan­cé par la GIZ et opé­ra­tion­na­li­sé par Agri­cord, le CSA ( Col­lec­tif Stra­té­gies Ali­men­taires) et l’agri-agence ASPRODEB (Asso­cia­tion Séné­ga­laise pour la Pro­mo­tion du Déve­lop­pe­ment à la Base) ont construit avec la Pro­pac (Pla­te­forme Régio­nale des Orga­ni­sa­tions Pay­sannes d’A­frique Cen­trale) et le ROPPA (Réseau des orga­ni­sa­tions pay­sannes et de pro­duc­teurs agri­coles de l’Afrique de l’Ouest) un pro­jet visant à favo­ri­ser les achats ins­ti­tu­tion­nels et l’incorporation des céréales et tuber­cules locaux dans les pro­ces­sus de pani­fi­ca­tion. Ce pro­jet per­met­tra ain­si de tou­cher l’ensemble des orga­ni­sa­tions pay­sannes membres de ces deux réseaux en Afrique cen­trale et de l’ouest. Il s’inscrit plei­ne­ment dans l’objectif du pro­gramme FO4FS qui vise à contri­buer à la trans­for­ma­tion des sys­tèmes ali­men­taires vers davan­tage de rési­lience et d’inclusion.

Cette semaine, les 4 par­te­naires ont rejoint Dakar où l’ASPRODEB avait pré­pa­ré pour eux un pro­gramme de voyage d’étude riche en appren­tis­sage pour l’ensemble des par­ti­ci­pants. Ces quelques jours intenses en acti­vi­tés ont per­mis à tous d’observer l’expérience très abou­tie menée au Séné­gal par l’ASPRODEB et les autres maillons de la filière en matière d’incorporation de céréales et de tuber­cules pro­duits loca­le­ment dans la pani­fi­ca­tion, en rem­pla­ce­ment des farines impor­tées.

Outre les res­pon­sables du pro­jet des deux agri-agences et des deux réseaux d’organisations de pro­duc­teurs par­te­naires, des repré­sen­tants des OP, trans­for­ma­teurs et bou­lan­gers de l’Afrique de l’ouest et cen­trale ont été conviés par le Rop­pa et la Pro­pac à assis­ter à ce voyage d’étude.

Ensemble, les par­ti­ci­pants ont d’abord pu prendre connais­sance du fonc­tion­ne­ment du rela­tion­nel fruc­tueux patiem­ment construit entre les divers maillons de la filière des farines pani­fiables au Séné­gal : d’une part, les pro­duc­teurs (repré­sen­tés par ASPRODEB), d’autre part les trans­for­ma­teurs (qui pro­duisent les farines) et enfin les bou­lan­gers (repré­sen­tés par la FNBS, Fédé­ra­tion Natio­nale des Bou­lan­gers du Séné­gal).

Les 3 maillons ont pris l’habitude de redé­fi­nir chaque année le conte­nu des contrats qui les lient, dans une contrac­tua­li­sa­tion qui fixe divers cri­tères dont le type de pro­duits, leur qua­li­té et quan­ti­té, le prix … Se basant de façon rigou­reuse sur l’observation des comptes d’exploitation pour cha­cun des éche­lons de la filière, cette négo­cia­tion annuelle per­met de fixer des condi­tions de répar­ti­tion des marges équi­tables en toute trans­pa­rence. Le cadre légal du Séné­gal tend à favo­ri­ser l’intégration des farines locales, dans la mesure où il fixe un taux d’incorporation obli­ga­toire de 15%, pour par­tiel­le­ment rem­pla­cer le blé impor­té mas­si­ve­ment, avec des fluc­tua­tions de prix qui pèsent lourds et mettent la filière locale en dif­fi­cul­té.

Par ailleurs, le prix du pain est, lui aus­si régle­men­té. Les 3 acteurs de la filière ont pris ensemble la ferme réso­lu­tion d’aller bien au-delà du taux mini­mal d’incorporation fixé léga­le­ment. La filière a déve­lop­pé une col­la­bo­ra­tion avec l’ITA (Ins­ti­tut Tech­nique de l’Agroalimentaire), dont les cher­cheurs tra­vaillent à trou­ver les meilleures com­po­si­tions inté­grant les farines locales en sub­sti­tu­tion du blé, pour obte­nir des pâtes de qua­li­té gus­ta­tive et nutri­tive, qui satis­fe­ront à la fois les bou­lan­gers, et les consom­ma­teurs.


La Fédé­ra­tion Natio­nale des Bou­lan­gers du Séné­gal (FNBS) a, pour sa part, créé une école des élites où les bou­lan­gers-gères ou futur(e)s bou­lan­gers-gères et pâtis­siers-ères peuvent se fami­lia­ri­ser aux tech­niques per­met­tant d’utiliser ces farines mélan­gées inté­grant jusqu’à 40 ou 50% de pro­duits locaux.

Mil, manioc, fonio, riz, morin­ga, maïs… sont ain­si uti­li­sés pour fabri­quer de savou­reux pro­duits, dont les matières pre­mières sont issues des exploi­ta­tions fami­liales séné­ga­laises.

Lors du voyage d’étude, les par­ti­ci­pants ont ou se fami­lia­ri­ser avec ces tech­niques de façon très concrète en par­ti­ci­pant à une jour­née de for­ma­tion orga­ni­sée avec la col­la­bo­ra­tion de la FNBS à l’école des élites de la bou­lan­ge­rie

Ils ont aus­si pu ren­con­trer une entre­prise de trans­for­ma­tion de mil, plei­ne­ment ins­crite dans la logique d’intégration des farines locales, ain­si que les coopé­ra­tives de pro­duc­teurs de la région de Thiès, qui ont éga­le­ment pu témoi­gner de l’apport posi­tif de ce dia­logue entre les acteurs de la filière, qui leur ouvre un inté­res­sant mar­ché d’écoulement pour leurs céréales et tuber­cules, à un prix rému­né­ra­teur. A l’issue du voyage, les par­ti­ci­pants (venus du Bur­ki­na, du Togo, du Tchad, du Came­roun et de Répu­blique Cen­tra­fri­caine) sont repar­tis vers leurs orga­ni­sa­tions res­pec­tives riches de la décou­verte de cette expé­rience por­teuse, avec la volon­té de la dif­fu­ser et de s’en ins­pi­rer dans leurs régions res­pec­tives. Le rap­port com­plet de ce voyage d’étude sera dis­po­nible sous peu sur notre site web, et un webi­naire de res­ti­tu­tion est pré­vu au cours du mois de mars, afin de per­mettre aux per­sonnes inté­res­sées d’en apprendre plus sur cette expé­rience séné­ga­laise réus­sie.

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