Des paysans pilotes formés à la fabrication de biofertilisants et de biopesticides à Shasha (Nord Kivu- RDC)

par Jean Baptiste Musabyimana – Chargé de communication FOPAC NK
Ce samedi 21 juin 2025, douze membres et paysans pilotes engagés dans la culture de la pomme de terre, affiliés à la Fédération des Organisations des Producteurs Agricoles du Congo (FOPAC) au Nord-Kivu, ont bénéficié d’une formation pratique sur la fabrication de biofertilisants et de biopesticides dans la localité de Shasha, groupement de Mupfunyi Shanga, territoire de Masisi.
Cette session s’inscrit dans le cadre du projet FO-RI, intitulé « Innovation participative des pratiques agroécologiques dans le Nord-Kivu », qui vise à promouvoir une agriculture plus durable, respectueuse de l’environnement et économiquement viable pour les petits producteurs locaux.
Des alternatives naturelles aux engrais chimiques
Selon M. Delphin Habimana Shirambere, paysan pilote à Shasha, cette formation a mis un accent particulier sur la fabrication artisanale des biofertilisants à base de matières locales comme les feuilles vertes, les cendres, la bouse de vache, l’urine de bétail, la mélasse, et l’eau. « Ces fertilisants naturels sont non seulement peu coûteux, mais aussi bénéfiques pour la santé du sol et de l’homme, car ils ne contiennent aucun produit chimique nocif », a‑t-il expliqué.
Les biofertilisants fabriqués permettent d’enrichir le sol en éléments nutritifs essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium. Ils favorisent également l’activité microbienne du sol, améliorant ainsi la structure et la fertilité à long terme.

Le compostage : une technique simple mais puissante
Parmi les techniques enseignées, le compostage a occupé une place centrale. Cette méthode consiste à transformer les déchets organiques (feuilles mortes, restes de cultures, fumier, déchets de cuisine) en un engrais naturel riche et équilibré. Les paysans ont appris à maîtriser les étapes clés : le tri des matières, l’alternance des déchets secs et humides, l’arrosage régulier, le retournement du tas pour assurer une bonne aération, et la surveillance de la température.
Le compost mûr, obtenu après environ deux à trois mois, peut être appliqué directement dans les champs pour améliorer la texture du sol, augmenter sa capacité de rétention d’eau, et stimuler la croissance des plantes.
Une stratégie pour l’autonomie et la résilience paysanne

« Lorsque vous constatez que vos plantes sont attaquées par des insectes, cela peut être dû à une carence en azote. Dans ce cas, le recours aux fertilisants naturels comme le compost ou les extraits fermentés peut renforcer la résistance de la plante », précise M. Habimana.
Il appelle également la FOPAC à renforcer ses partenariats avec des centres de recherche agricole pour améliorer les formulations, documenter les effets de ces pratiques, et mobiliser davantage de ressources au profit des paysan
Un projet porteur d’espoir pour l’agriculture locale
Cette initiative marque une étape importante dans la diffusion des pratiques agroécologiques dans la région. Elle permet aux producteurs de s’émanciper de la dépendance aux intrants importés, de réduire les coûts de production, et de préserver la biodiversité des écosystèmes agricoles.
Le projet FO-RI prévoit d’élargir cette approche participative à d’autres villages du groupement Mupfunyi Shanga. Les paysans formés joueront un rôle de relais communautaires pour transmettre les connaissances acquises et accompagner d’autres producteurs dans la mise en œuvre de ces techniques.

Ce projet .mis en œuvre par FOPAC NK- LOFEPACO- SYDIP et COOCENKI avec l’appui du CSA, fait partie du programme Farmers Organisations led Research and Innovation (FO-RI) financé par l’UE et l’OACPS et géré par AgriCord.