La riziculture burundaise menacee d’extinctionL’urgence de contrôler l’aide alimentaire
16 octobre 2010 Préambule PréambuleL’économie rizicole burundaise traverse actuellement une période de turbulence qu’il convient de gérer avec délicatesse au risque d’inciter tout simplement les producteurs nationaux à l’abandon hypothéquant ainsi l’avenir d’un produit sur lequel le pays compte pour recouvrer sa souveraineté alimentaire. Affaiblie par environ une décennie de guerre civile, la filière riz burundaise se trouve actuellement confrontée à : une dynamique régionale marquée par l’avènement du marché commun de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie) dont la gestion est loin d’être sécurisée et à une politique d’aide alimentaire qui frise le dumping. Aide alimentaire non contrôléeEn date du 24 Novembre 2009, un Accord de don n°0961190 pour le Projet de l’aide alimentaire entre l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) et le Gouvernement du Burundi a été signé. A travers cet Accord, la JICA s’est engagé à mettre à la disposition du Gouvernement du Burundi un montant de quatre cents cinquante millions de Yens japonais (¥ 450.000.000) à titre de don. En son article 3, il est stipulé que le don et son intérêt couru seront utilisés par le Gouvernement de la République du Burundi correctement et uniquement pour l’achat des produits et des services ainsi que pour les frais nécessaires pour la mise en œuvre du Projet, tels que : Cette aide intervient en effet au moment où la Société qui supervise l’exploitation des périmètres agricoles dans la plaine de l’Imbo (Société Régionale de Développement de l’Imbo) a observé une mévente de son stock de 5.000 tonnes de riz paddy récolté en 2009. Cette mévente est le résultat du désengagement des corps constitués ; en l’occurrence le Corps de défense nationale et la police ; qui constituaient jadis le grand marché d’écoulement de la Société. Il en a résulté une double conséquence : d’une part, la Société n’achète plus le riz paddy des producteurs par manque de liquidités et d’autre part, elle n’arrive plus à rembourser la dette contractée auprès de la BNDE (Banque Nationale de Développement Economique). En définitive, sur le plan agricole, cette aide alimentaire aura des conséquentes néfastes sur le secteur agricole, notamment : Evolution pourtant positive de la production rizicole localeBien qu’il soit d’introduction récente à côté d’autres céréales traditionnelles comme le maïs, le blé et le sorgho, sa production connaît une croissance au moment où celle des autres céréales sont marquées par la stagnation ou la baisse. En effet, sa production est passée de 40.000 tonnes de paddy en 1990 à 75.000 tonnes en 2009, soit une augmentation de 87,5% en 19 ans. La production issue du périmètre de la SRDI est de l’ordre de 22.000 tonnes de paddy. La production de riz collinaire pluvial (principalement à Ruyigi) étant estimée à 1.000 tonnes, la production de riz dans les marais d’altitude (de Ngozi, Karuzi, Kayanza, Muyinga, Gitega et Kayanza) et secondairement à Nyanza-Lac et au Moso serait d’environ 45.000 tonnes. Propositions et recommandationsDes études indépendantes sur les activités de développement liées à l’aide alimentaire oscillent entre un optimisme prudent et un pessimisme nuancé : l’aide alimentaire en nature a des coûts importants estimés à au moins 30% en moyenne. Elles montrent par contre qu’une aide financière constitue dans la plupart des cas la meilleure solution. C’est presque toujours le moyen le plus efficace de financer une distribution directe de vivres ou d’apporter une aide budgétaire au développement en général ou à des projets. ![]() [1] La présente note produite par les Organisations de Producteurs agricoles (CAPAD, CAPRI, CNAC, TURITENZIMBERE, APROPABU, NKORERUMBAZE), des Organisations d’appui (ADISCO, ACORD, INADES FORMATION Burundi, OAP, OAG, FORSC, CONSEDI, UCODE) et avec le soutien des bailleurs de fonds : Oxfam Novib, CCFD, 11.11.11 ; a pour objectif d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur le contexte de la filière et sur les menaces consécutives aux évolutions récentes. Dans la même rubrique
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