Résultats de la réunion plénière du nouveau Comité pour la sécurité alimentaire mondiale
Toutes les versions de cet article : [English] [français] La dernière réunion du Comité pour la sécurité alimentaire, à laquelle la société civile a participé pleinement au titre de membres effectifs, a défini certaines modalités de son fonctionnement, en particulier en ce qui concerne les relations avec la société civile. En outre des tables rondes étaient organisées sur des thèmes essentiels pour la gouvernance agricole mondiale en matière de sécurité alimentaire. ![]() La première réunion du Comité pour la sécurité alimentaire mondiale après sa réforme
La session s’est tenue sous la présidence de Mr Noël de Luna (ambassadeur des Philippines) et la vice-présidence de Mr Hugo Verbiest (permanent à Rome), l’UE étant représentée par la Belgique (avec des interventions de Chris Paneels. Martine Vandoorne et peut-être d’autres que je n’ai pas entendus). Rappelons que la réforme avait été formellement adoptée en 2009 lors de la 35e session du CFS sous la présidence de l’ambassadrice d’Argentine, Mrs Maria del Carmen Squeff (voir : http://www.csa-be.org/spip.php?arti...). Parmi les OIG figurent notamment le FIDA, le PAM, l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire (HLTF), le Haut Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, l’OMS, l’UNICEF, l’PNUD, le Comité permanent de la nutrition, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les banques régionales de développement et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette participation élargie devrait améliorer considérablement le dialogue politique au sein du Comité ainsi que la pertinence des visions et des décisions qui y sont élaborées. Cette première réunion du CFS réformé était l’occasion de tester la volonté politique des gouvernements de construire effectivement et de faire fonctionner ce lieu de débat sur les questions de sécurité alimentaire qui devrait devenir prioritaire. La crise des prix alimentaires de 2007-08 avait en effet bien fait apparaître aux gouvernements que ce qui avait été entrepris jusqu’alors pour lutter contre l’insécurité alimentaire avait échoué et en particulier que l’action du CFS d’avant la réforme était restée inefficace alors que la situation risquait bien de devenir incontrôlable. Si une vision était bien partagée entre tous quant à l’avenir de la sécurité alimentaire, c’est bien que la volatilité des prix va s’accroître dans le futur, même si de nombreuses divergences subsistent quant aux origines de cette volatilité. Certains l’attribuant en effet à l’« étroitesse » du marché mondial, les autres à d’autres facteurs, tels que le manque de régulation du marché mondial, l’émergence des agrocarburants, la spéculation, l’adoption des modes de consommation des populations des pays industrialisés par de nouvelles franges de population. D’où l’idée qu’il fallait mettre en place autre chose de plus efficace et qu’un CSF profondément réformé pouvait devenir cet espace central pour la gouvernance agricole mondiale. A l’ordre du jour figuraient des points important concernant les modalités de fonctionnement de ce Comité renouvelé et qui a l’ambition de devenir le premier lieu où se discutent les enjeux de la gouvernance agricole mondiale. En outre des débats thématiques importants pour la sécurité alimentaire étaient organisés dans le cadre de 3 tables rondes centrées sur d’importantes questions : l’accès à la terre et aux ressources naturelles, les réponses à apporter face à la volatilité des prix sur les marchés de produits agricoles, ainsi que les réponses à apporter face aux situations de crises prolongées. Les organisations de la société civile ont tenu un Forum préparatoire visant à adopter le projet de mécanisme pour l’organisation de la société civile et préparer leurs interventions durant la plénière du CFS. Elles ont tracé des orientations communes et mandaté des organisations pour présenter les positions du Forum sur les différents points à l’OJ du CFS. Forum préparatoire de la société civile
Les questions institutionnelles liées au fonctionnement du Comité SA
En 2009, le CFS (Committee on world Food Security) a décidé des grandes lignes de sa réforme (voir : http://www.csa-be.org/spip.php?arti... et http://www.csa-be.org/spip.php?arti...), qui prévoyait notamment que les organisations de la société civile puissent participer non plus en tant qu’observateurs, mais en tant que participants à part entière aux réunions du CFS. Une ouverture qui concerne également d’autres organisations intergouvernementales concernées par l’agriculture (PAM, FIDA, Banque Mondiale…). Le vote reste cependant l’apanage des gouvernements, en tant que responsables politiques ultimes de la sécurité alimentaire. La crise avait entr’autres permis de mettre en avant que parmi les solutions à la crise, il y avait l’idée que la partie de ceux qui étaient les plus touchés par l’insécurité alimentaire pouvaient contribuer pleinement à apporter des solutions à la crise. C’est ce qui explique l’ouverture envers la société civile. Un autre principe important était adopté, à savoir que les représentants de la société civile soient issus d’un processus autonome par rapport à la FAO et aux gouvernements. C’est à cet effet qu’une proposition de mécanisme a été élaborée par des membres du groupe de contact (qui avait été mis en place afin de préparer la réforme avant le CFS de 2009) issus de la société civile. Pour plus d’information sur la réforme du CFS, voir le document adopté par le CFS de 2009 : http://www.fao.org/fileadmin/templa... C’est dans ce contexte qu’un projet de document a été préparé par ActionAid International, le Groupe de travail sur la gouvernance du Comité international de planification des ONG/OSC pour la souveraineté alimentaire et Oxfam UK. C’est cette version qui a été formellement acceptée (sans amendements) au Forum de la société civile tenu au FIDA et qui a été soumise à la plénière du CFS d’octobre 2010. Les OSC sont conscientes que ce travail est loin d’être parfait mais il a le mérite d’exister et il a été convenu qu’une évaluation interviendrait un an après sa mise en œuvre. Celle-ci doit intervenir début 2011, avec la mise en place d’un premier comité de coordination. Ce délai ne permet pas de mettre en œuvre une procédure démocratique parfaite (et lourde) pour nommer les membres du Comité, mais la mise en place du mécanisme pour toutes les régions et composantes permettra une procédure plus démocratique afin de renouveler les membres de ce Comité. C’est avec cette même approche pragmatique que la société civile avait nommé ses représentants au sein du « groupe de contact » qui a été mis en place pour orienter les modalités de la réforme du CFS et au sein du « groupe consultatif » qui a été mis en place afin de représenter les OSC au sein du bureau du CFS. Dans ce même esprit le président du CFS a proposé à toutes les organisations/réseaux internationaux de participer en tant que membres au CFS au cours de cette année, vu que la nomination des représentants par un Mécanisme de représentation qui n’a pas encore été installé (il devait être adopté à la présente session) n’était pas possible. Pour le document préparatoire du mécanisme ayant été approuvé, voir : Il entrera en vigueur dès janvier 2011 car à la suite de la réforme, les activités du Comité ne se limiteront pas aux réunions plénières annuelles. D’ici là seront nommés les membres du premier Comité de coordination qui devra veiller à faire fonctionner le mécanisme et notamment veiller à ce que les différentes composantes et sous-régions du mécanisme nomment leurs représentants pour le travail au sein du CFS. Les autres modifications liées à la réforme se sont poursuivies par ailleurs, confirmant le volonté d’aller jusqu’au bout de celle-ci. C’est ainsi que la Comité a aussi accepté la procédure proposée afin de réviser le Règlement intérieur du CFS, l’Article XXXIII du Règlement général et l’Acte constitutif de la FAO, sur la base du document relatif à la réforme du CSA (CFS 2009/2 Rev2). La production d’un cadre stratégique global par le Comité SA La production d’un cadre stratégique global est bien entendu d’une importance capitale pour le CFS réformé vu le souhait que cet organisme puisse fixer les orientations pour le renouveau de la gouvernance agricole mondiale. C’est en effet sur la base de ces orientations qu’il sera possible d’interpeler certains Etats et de remettre en cause certaines politiques et pratiques. Pour le document préparatoire, voir : Le budget des années 2010-2011 et 2012-2013 Le Comité a approuvé le budget pour les années 2010-2011 (qui sera soumis à la considération de la FAO, du FIDA et du PAM), mais propose que le budget pour les années 2012-2013 soit d’abord revu par le bureau. Le budget est repris dans le document : Les discussions thématiques à la 36e session
Au départ, le document préparatoire posait problème aux organisations de la société civile surtout en ce qui concerne les réponses face à la volatilité des prix agricoles. En effet, le document se centrait surtout sur les réponses à donner face aux conséquences de la volatilité des prix sur les marchés agricoles. Une réponse fournie surtout en termes de mécanismes pouvant renforcer les producteurs confrontés à ces questions -comme les ventes à terme et les assurances pour les producteurs face à des marchés volatiles- et de filets de sécurité pour les victimes. Aussi la société civile a-t-elle plaidé pour que l’on ne se préoccupe pas avant tout des impacts de la volatilité, mais de la volatilité elle-même, qu’il s’agit de réduire, d’autant plus que les parties prenantes, les chercheurs et les décideurs dans la plupart des enceintes où ces questions sont débattues reconnaissent que les futurs marchés agricoles se caractériseront dans le futur par une volatilité accrue. En outre, les OSC estiment que pour limiter au mieux la volatilité des prix dans le futur, il convient de bien en comprendre les causes, de sorte que les remèdes proposés soient adéquats et que des instruments efficaces soient proposés. C’est ainsi qu’avait conclu le Forum préparatoire et c’est en ce sens que des propositions ont été faites au moment débat au CFS. Le CFS a largement repris ces préoccupations et les propositions formulées pour le mandat confié au HLPE en cette matière portent notamment sur les causes et conséquences de la volatilité (en incluant les pratiques qui affectent les marchés et les liens avec les marchés financiers), les politiques appropriées et cohérentes, les actions, instruments et institutions qui doivent permettre de gérer les risques liés à une volatilité excessive des prix en agriculture. On propose aussi de se baser sur une revue des études existantes, qui examinent comment les nations et populations vulnérables peuvent assurer l’accès à l’alimentation quand la volatilité pose problème sur les marchés. En ce qui concerne la protection sociale, on est convenu qu’il faut prendre en considération les différentes conditions des pays et régions, qu’il faut examiner les impacts des politiques existantes pour améliorer les conditions de vie et la résilience des populations vulnérables, en particulier les petits producteurs ruraux. On prendra aussi en compte les bénéfices de l’amélioration de la production locale, des conditions de vie et d’une meilleure nutrition. Concernant les changements climatiques, si les OSC se réjouissent du fait que des filets de sécurité et une meilleure protection sociale soient proposés, elles estiment aussi nécessaire de prévoir les moyens afin de permettre d’atténuer l’impact des changements climatiques, mais aussi de lutter contre les causes mêmes de ces changements. Pour la position des OSC participantes au FORUM sur le thème de la vulnérabilité/volatilité/changements climatiques, voir le document attaché (en anglais). Pour le document de travail du secrétariat du CFS sur ce thème, voir : http://www.fao.org/docrep/meeting/0... La table ronde sur l’accès à la terre et les investissements internationaux en agriculture La société civile visait surtout à renforcer le processus de consultation en cours au niveau régional et mondial à la FAO visant à produire des « Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des terres et autres ressources naturelles » (voir : ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/011/ak...). Comme il était urgent de pouvoir disposer de ces directives, qui pourront contribuer à « moraliser » les achats internationaux de terres (land grabbing) et que le processus à la FAO est bien engagé (la dernière consultation doit encore être menée à Moscou pour les pays de la CEI fin novembre 2010), il importait avant tout de soutenir ce processus et de l’accélérer. Les résultats du CFS en ce domaine sont plutôt mitigés. L’urgence à faire aboutir rapidement les Directives volontaires est liée à l’ampleur et à la rapidité des transactions actuellement en cours, qui se déroulent actuellement sans disposer de directives ou d’indications de la part des Nations Unies (le lieu le plus « légitime » de la Communauté internationale) et encore moins de règles formelles au niveau international. D’autre part, si le processus des Directives volontaires n’est pas assez rapide, le risque est réel de voir s’imposer comme seule « norme » internationale non pas les Directives volontaires mais bien les Principes pour des investissements agricoles responsables. Or ceux-ci sont issus d’un processus qui au départ ne comporte qu’une série limitée d’Etats (du G8 et du G20) et n’a pas fait l’objet des consultations approfondies ni avec les autres parties prenantes ni avec la société civile. De telles consultations ont par ailleurs eu lieu pour les Directives volontaires au niveau des diverses sous-régions dans le monde. Outre la création du groupe de travail « open ended », le CFS a « pris acte » du processus en cours relatif aux Principes pour des investissements agricoles responsables et a proposé de démarrer un processus de prise en considération de ces principes au sein du CFS. Le CFS a aussi demandé aux gouvernements et autres parties prenantes impliqués dans le processus de rédaction des Directives et des Principes de veiller à ce que soient assurées la cohérence et la complémentarité entre les 2 processus. Enfin, le CFS a chargé le panel d’experts de haut niveau (HLPE) d’entreprendre des études d’ici la 37e Session du CFS sur une série d’enjeux importants pouvant aider à le prise de décisions en ce domaine. Pour le document de travail du secrétariat du CFS sur ce thème, voir : http://www.fao.org/docrep/meeting/0... La table ronde sur les réponses face aux crises prolongées (à compléter) La situation de l’insécurité alimentaire mondiale
Pour le document sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI), voir : http://www.fao.org/publications/sofi/fr/ Le groupe d’experts de haut niveau (HLPE)
Parmi les membres du Comité directeur, notons la présence d’une représentante de la société civile en la personne de Maryam Rahmanian de CENESTA (Iran) qui, depuis des années, est le point focal géographique pour la région "Asie de l’Ouest et Centrale et Afrique du Nord" (WESCANA) au sein du Comité International de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP). Les membres du Comité directeur sont les suivants : Autres sites fournissant des informations sur le processus de réforme du CFS et du travail de la société civile avec la FAO
http://www.csa-be.org/spip.php?page... titre documents joints
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