Accroître le pouvoir de marché des agriculteurs - Instruments et contraintesAtelier - 2 octobre 2009
Toutes les versions de cet article : [English] [français] Les agriculteurs sont en position défavorable sur les marchés. La crise laitière en est un exemple. La première raison en est la structure des marchés agro-alimentaires qui se composent d’une multitude de producteurs agricoles livrant leur production sans aucune possibilité d’avoir la moindre influence sur les niveaux de prix et dont la capacité de négociation est très faible. La deuxième raison des difficultés des agriculteurs est l’absence de régulation des marchés. La volatilité s’accroît alors que les niveaux de protection aux frontières s’amenuisent. L’observation de Guy Quaden est toujours pertinente. Evoquant la résistance de la plupart des milieux à se soumettre à la concurrence, il notait en 1973 : "Il n’en va pas différemment des agriculteurs qui, incapables de contrôler le marché par leurs propres moyens, ont fait appel à l’Etat pour bénéficier d’assurances diverses en matière de prix et de livraison. Alors que dans l’industrie de vastes oligopoles se sont soustraits aux rigueurs de la loi de l’offre et de la demande, on fera difficilement admettre aux agriculteurs qu’ils doivent être les derniers producteurs à s’y soumettre." Si ce n’est que les interventions des Etats pour compenser cette inégalité sont mises à l’index par les vagues successives de dérégulation, alors que la concentration des secteurs agroalimentaires et de la distribution se poursuit. La troisième raison réside dans les obstacles techniques des normes de conditionnement et de qualité imposées par les opérateurs et les distributeurs. Ce peut être aussi les difficultés de d’acheminement des récoltes dues aux déficiences en infrastructures ou en organisation. Deux principales voies sont ouvertes aux agriculteurs, qui visent en priorité à accroître leur pouvoir de marché et à améliorer leur accès au marché. L’une repose sur la mise en œuvre d’instruments collectifs, tels la discipline de production qui cherche à gérer l’offre, le groupage de la production pour en négocier collectivement la vente, l’intégration de la filière en s’impliquant dans la transformation et la distribution pour mieux en maîtriser l’ensemble… L’autre repose plus sur une approche individuelle, visant l’adaptation des exploitations aux signaux du marché, tels la mise aux normes de qualité, la recherche de niches, les circuits courts … Les deux voies peuvent se côtoyer, voire se compléter. Les instruments et contraintes de leur mise en œuvre ne sont toutefois pas identiques. Toutes deux peuvent apporter une meilleure rentabilité de l’activité agricole. Il n’est pourtant pas exclu que la seconde occulte la première, empêchant de questionner le sens du rapport du secteur au marché, refusant d’admettre les insuffisances du marché lui-même et de sa nécessaire régulation par les pouvoirs publics. La structure des marchés agroalimentaires et la dérégulation sont deux faits qui s’imposent aux agriculteurs. Ils doivent continuer à revendiquer une intervention concertée des pouvoirs publics pour une régulation, pour un effort d’intégration au niveau des régions et un soutien des agriculteurs. Mais, eux-mêmes ont intérêt à s’investir davantage dans l’utilisation d’instruments dont ils auraient la maîtrise. Les stratégies sont diverses et méritent d’être approfondie et comparées. L’atelier du 2 octobre est organisé dans le cadre d’un programme intitulé « EuropAfrique, terroirs paysans » auquel sont associés des ONG européennes et des réseaux d’OP africaines (ROPPA, EAFF, PROPAC). Cet atelier doit permettre de discuter, à partir d’expériences mise en œuvre dans les différentes régions, des instruments collectifs qui peuvent accroître le pouvoir de marché des producteurs. titre documents joints
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