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La nécessité de réguler les marchés agricoles

Analyse au regard de la crise récente des prix alimentaires

5 mai 2009
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La crise financière et la récession économique actuelles occultent la crise aigüe des prix alimentaires observée en 2007-08, malgré le caractère dramatique des répercussions d’une telle crise. Les facteurs qui l’ont occasionnée restent ; les risques aussi.
D’où vient cette crise alimentaire ? Comment expliquer l’insuccès des prescriptions libérales imposées presque partout dans le monde depuis 20 ans par le FMI, l’OMC et les Etats les plus puissants ? Comment rendre effectif le Droit à l’alimentation auquel se sont engagés les Etats membres des Nations-Unies ?
Pour analyser les fondements de la crise et rechercher les réponses politiques adéquates, des représentants d’organisations professionnelles d’agriculteurs venus des quatre coins du monde et de quelques ONG de développement se sont réunis à Bruxelles les 4 et 5 mai derniers dans le cadre du processus de la déclaration de Dakar et de l’appel de Chapecó. Ils ont appuyé leur réflexion sur les travaux d’économistes agricoles et de scientifiques de talent. Ils ont confronté leurs problèmes et leurs expériences. Ils ont constaté l’énorme écart entre la vision simpliste sur laquelle sont basées les recettes officielles et la complexité de la réalité.

Le contexte dans lequel se pose la question d’une régulation des marchés agricoles s’est trouvé modifié radicalement par les évènements des deux dernières années.

Depuis le début des années ’80 et pendant plus de 20 ans, le problème sur les marchés agricoles consistait essentiellement en un problème d’excédents chroniques et de prix bradés, et ce même si ces excédents s’accompagnaient paradoxalement d’une pénurie persistante pour des groupes très importants de population.

Dans le même laps de temps, la globalisation s’accélérait et induisait une orientation générale vers la dérégulation et la libéralisation des marchés, stimulées par les institutions internationales (OCDE, OMC, BM,…) et acceptées par les gouvernements nationaux.

Dans ce contexte d’excédents chroniques sur les marchés, le risque se situait essentiellement du côté des producteurs, sous la forme d’une rémunération insuffisante pour leurs produits. Ce risque était aggravé par le processus de libéralisation et de dérégulation. Fleurirent alors les approches théoriques néolibérales avec des politiques agricoles basées sur des aides découplées, des systèmes d’assurance revenu,…

Les évènements récents changent la donne. Ils rendent la situation beaucoup plus complexe. Ils élargissent les types de risques et les groupes concernés. Ils remettent en cause les approches théoriques trop simples en matière de politique agricole.

L’évènement essentiel à considérer est la flambée du prix de certains produits agricoles en 2007-2008 et ses répercussions amplifiées sur les prix des produits alimentaires payés par les consommateurs. Au même moment, s’est manifesté un renchérissement considérable du prix de l’énergie et de certaines matières premières. La rareté relative des ressources naturelles réapparaît ainsi sur les marchés. S’y ajoute, même si l’évènement est plus récent et son dénouement encore incertain, la bourrasque financière actuelle. Son résultat immédiat est de remettre à l’ordre du jour la question de la régulation des marchés.

Par rapport aux circonstances antérieures, ces évènements montrent en tout cas une situation à appréhender par les pouvoirs publics devenue beaucoup plus complexe. Le niveau des prix agricoles peut poser problème dans un sens comme dans l’autre ; leur tendance à long terme, orientée précédemment à la baisse, paraît avoir été infléchie ; leur volatilité s’est accrue. Les types de risques à considérer sont bien plus variés : ce peut être des prix trop élevés pour les consommateurs aussi bien que des revenus agricoles trop faibles ; une variabilité élevée des prix à l’importation, défavorable à tous les acteurs et constituant une menace directe pour la sécurité alimentaire dans les zones urbaines de certains pays en développement ; … Les groupes concernés par ces risques ne se limitent plus aux agriculteurs ; s’y ajoutent les consommateurs et même les industries agroalimentaires soucieuses de stabilité, ...

L’évolution du contexte remet en cause les approches théoriques simplistes, prévoyant des instruments de politique agricole valables dans un seul type de situation et se fondant sur l’hypothèse d’un fonctionnement parfait des marchés. Elle incite à reconsidérer plus attentivement l’éventualité d’un fonctionnement imparfait des marchés et la question de leur régulation. La régulation peut exercer un effet sur les prix dans un sens comme dans l’autre, en évitant les situations extrêmes ; elle permet d’atténuer la volatilité des prix ; elle peut améliorer la sécurité alimentaire en favorisant un approvisionnement d’origine régionale pour les zones urbaines des pays en développement ; elle fait un appel limité aux fonds publics.

L’objectif du séminaire est de réexaminer la question de la régulation des marchés agricoles dans ce contexte nouveau.

Objectifs

La question de la régulation des marchés agricoles sera réexaminée au regard de la crise récente des prix alimentaires en suivant les étapes ci-dessous :
- 1. Analyser en profondeur le nouveau contexte des prix, identifier les causes déterminantes de l’évolution mais aussi ses risques (risques pour l’agriculture familiale comme pour les consommateurs, risques en matière d’accès aux ressources naturelles comme d’accès aux produits,...).
- 2. Analyser les réactions politiques observées ou souhaitables ; réfléchir sur le rôle des pouvoirs publics ainsi que sur l’utilisation possible de la régulation des marchés pour répondre aux problèmes posés.
- 3. Revisiter les instruments de politique agricole et de politique commerciale, en examinant les voies d’action et les expériences riches d’enseignement au niveau national ou international.
- 4. Identifier les besoins collectifs et développer des stratégies sur le court et le long termes, ouvertes à d’autres acteurs (ex : consommateurs, syndicats).

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