Echos du Forum parallèle à la Conférence gouvernementale « Terra Preta » organisée par le CIP
Daniel Van Der Steen, 7 juin 2008
Mots-clés:
FAO,
sécurité alimentaire,

Le « Forum sur la crise alimentaire, le changement climatique, les agrocarburants et la souveraineté alimentaire » a été organisé du 1er au 4 juin 2008 à la « Cité de l’autre économie » sur le site préservé des anciens abattoirs de Rome (« ex Mattatoio »).

- Salle de l’ex Mattatoio
Le Forum tire son nom du vocable de « Terra Preta », ou « sol noir » en portugais, qui désigne le sol incroyablement fertile créé par les peoples indigènes en Amazonie centrale. Encore aujourd’hui il continue à se régénérer de lui-même, la recherche n’ayant pas réussi jusqu’à présent à en expliquer les mécanismes.
Le Forum était organisé, avec des apports financiers réduits, par le CIP, Comité international de planification de la société civile auprès de la FAO. Y étaient conviés une centaine de représentants d’organisations de divers secteurs : agricole (paysans et producteurs familiaux, pasteurs, pêcheurs, exploitants forestiers, peuples indigènes, travailleurs agricoles et migrants...), environnement, coopération au développement, etc. en provenance de différents continents.
Comme d’habitude pour ce type d’évènement, les délégués étaient répartis entre les différents secteurs et continents, avec une priorité pour les organisations de producteurs, mouvements sociaux et organisations proches de la Via Campesina. Le CSA y a participé en tant qu’observateur.
Trois groupes de travail ont été formés afin de discuter des thèmes prioritaires, les conclusions étant rassemblés dans une déclaration finale qui a été lue à la Conférence de haut niveau de la FAO. Les thèmes prioritaires ayant été abordés étaient : la crise alimentaire, l’agriculture et le réchauffement planétaire, les agrocarburants.
La déclaration finale, parue d’abord en anglais, se trouve en attaché.
Le constat fait par les participants au Forum est de déplorer que ce sont les politiques mêmes à l’origine des divers problèmes actuels, en particulier la crise liée à la hausse rapide des prix agricoles et le réchauffement climatique, qui sont appelées par les gouvernements à la rescousse pour résoudre ces problèmes.
Ces politiques néolibérales ont en effet largement contribué à marginaliser ou à détruire les systèmes de production qui constituent pourtant la clé de la sécurité alimentaire - par les emplois et les revenus procurés - à des milliards de producteurs de l’agriculture paysanne et familiale dans le monde, et qui sont les premières victimes de la situation actuelle (même si, me semble-t-il important d’ajouter, la crise des prix actuelle touche pour la première fois également les plus pauvres parmi les Urbains).
Pour les participants du Forum, la remise en question de ces politiques néolibérales est un préalable à une réponse à la crise, de manière à soutenir et protéger - plutôt que détruire - les systèmes agricoles et autres activités productives (comme la pêche, le pastoralisme et l’activité des peuples indigènes), dont le développement pourrait le mieux répondre aux nouveaux défis d’aujourd’hui. Ils appellent aussi à repenser le modèle agricole dominant, de manière à ce que l’agriculture apporte sa part déterminante à solutionner les nouveaux défis qui se posent à la planète en matière de sécurité alimentaire et d’environnement.

- Réunion dans la salle Philippines de la FAO
Le refus des agrocarburants figure parmi les revendications, mais le texte de la déclaration du Forum va bien au-delà en mettant au centre deux principes essentiels : la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation.
Deux regrets néanmoins quant à l’organisation du Forum.
D’une part la participation trop limitée car peu encouragée des organisations de producteurs agricoles membres de la FIPA, ce qui permettrait d’élargir les alliances pour un combat déjà particulièrement inégal.

- Nous ne sommes pas seuls à blogger
- Blog de l’IATP
D’autre part, l’absence d’un mécanisme de coordination plus large (que les quelques organisations membres du CIP) avec les autres organisations de la société civile, qui permettrait d’obtenir un impact plus important sur les délégations grâce à une capacité d’influence plus importante que les ONG et organisations de la société civile pourraient avoir si elles étaient mieux organisées entre elles.
Daniel Van Der Steen, Collectif Stratégies Alimentaires
Comité international de planification (CIP) pour la souveraineté alimentaire, Point focal géographique pour la Région européenne
