HLC : Le projet de déclaration
Alex Danau, 4 juin 2008
Mots-clés:
FAO,
sécurité alimentaire,

L’enjeu de la Conférence de haut niveau est la sécurité alimentaire mondiale dont l’intérêt est relancé par la flambée des prix alimentaires. Il s’agit, pour les Etats, d’adopter une déclaration en la matière.
La dernière version, distribuée aujourd’hui (HLC-08-03 ) me parait être plus équilibrée que celle que j’avais lue auparavant (draft du 26 mai). Plus courte, le corps de la déclaration se compose de trois parties, la première portant sur les mesures à court terme, la seconde sur les mesures à moyen et long terme et la dernière sur le suivi et l’examen.
Pour les mesures urgentes, le premier et le second paragraphe (4 et 5) vont de soi et visent à augmenter les moyens de l’aide.
Suit le paragraphe 6 composé de quatre alineas. L’alinea a) préconise l’intégration des agriculteurs, les petits en particulier, aux marchés locaux, régionaux et internationaux. Est-on sûr de la cohésion entre ces niveaux ? On peut considérer la présence des niveaux local et régional comme un progrès.
L’alinea b) plaide pour donner un appui à l’accès aux intrants afin d’accroître la production agricole. L’accès aux intrants est effectivement une nécessité pour de très nombreux agriculteurs, mais faut-il pour autant analyser la crise des prix alimentaires par un manque de production agricole et la résoudre en suscitant par tous les moyens une augmentation de la production mondiale ? Ne sommes-nous pas surtout face à un problème de pouvoir d’achat des consommateurs à faible revenu qui comprend une majorité d’agriculteurs dans les pays en développement en particulier ?
Passons maintenant à l’alinea d). Nous voilà au coeur du problème. Une incantation pour terminer le Cycle de Doha cette année encore. Car, pour le groupe de contact "à composition non limitée", l’évidence c’est que la crise actuelle sera résolue par un nouveau bond dans la libéralisation en matière agricole. Cela se traduit par "mettre en place un système agricole international plus équitable et orienté vers le marché", du moins si c’est cette formulation qui est retenue. Mais pas de doute, elles vont toutes dans le même sens.
L’alinea c) supprimé est réapparu entre crochets. Je peux ainsi le découvrir. Il propose aux Etats de prendre des mesures pour limiter les fluctuations (inhabituelles) de prix et de renforcer leurs capacités en matière de stockage de produits alimentaires.
Belle avancée. J’apprendrai lors d’une réunion de concertation avec la Délégation belge que cet alinea est le fait des Philippines.
Lors de cette réunion, nous plaidons pour que la Belgique soutienne ce que nous considérons comme une disposition essentielle, le maintien de l’alinéa e du paragraphe 6. Il est indispensable d’avoir des stocks en suffisance si l’on souhaite assurer la sécurité alimentaire et pouvoir agir sur la stabilisation des marchés.
Sur ce plan, ce ne sera pas suffisant, mais en reconnaître la nécessité est important, particulièrement dans ce contexte où des Délégations continuent à prétendre que la libéralisation est la solution.
Confondant de dogmatisme, d’autant plus que les examens de la mise en oeuvre du cycle d’ Uruguay n’ est pas probant pour les pays les plus en insécurité alimentaire.
Un dernier mot sur le paragraphe 13, qui constitue la troisième partie de la déclaration et concerne justement le suivi et l’examen de la sécurité alimentaire mondiale : "...suivre et analyser la sécurité alimentaire mondiale dans toutes ses dimensions - y compris celles qui sont abordées par cette Conférence...". Est-ce à comprendre que la disparition des instruments de politique agricole et de soutien de l’agriculture suite à la libéralisation sera aussi partie du suivi sur la sécurité alimentaire ?
C’est bien notre souhait, car comment prendre des mesures efficaces si l’on renforce la principale cause de la crise ?
