La crise des prix alimentaires appelle à une autre gouvernance de l’agricultureCommuniqué de la Fédération Wallonne de l’Agriculture, de la Fédération des Jeunes Agriculteurs, de l’Union des Agricultrices Wallonnes et du Collectif Stratégies Alimentaires
Toutes les versions de cet article : [English] [français] « Depuis environ 2 ans, les cours mondiaux ont subi des hausses considérables excluant du marché les pays les plus pauvres. Pour d’autres, la hausse subite des prix alimentaires relance l’inflation. Ces faits montrent à suffisance que par défaut de mécanismes régulateurs, la volatilité des marchés et l’incertitude économique s’accroissent. » La FWA, la FJA, l’UAW et le CSA, s’appuyant sur les nombreuses collaborations et concertations développées entre eux et avec diverses ONG et des organisations agricoles représentatives d’Afrique, d’Amérique latine et des autres continents, souhaitent communiquer leur position sur la crise actuelle des prix alimentaires. Les tensions sur les marchés internationaux sont fortes, avec pour conséquences des prix élevés à l’importation et le renchérissement de l’alimentation au « stade consommateurs ». Les effets de ce renchérissement diffèrent selon les pouvoirs d’achat respectifs et la place relative qu’y prend la consommation alimentaire. De manière globale, c’est d’une part à un grave problème alimentaire que sont confrontés des millions de familles pauvres et d’autre part, c’est une perte de pouvoir d’achat due à l’inflation qui est subie par l’ensemble des populations, provoquant un ralentissement de la consommation et de l’économie. D’importantes institutions réagissent à cette crise alimentaire, telles que la Banque mondiale, le FMI, l’Organisation mondiale du Commerce, la FAO, la Commission européenne et bien d’autres acteurs. Tous souhaitent donner des indications pour faire face à la situation. Le mot d’ordre semble être produire plus et libéraliser plus. Les diagnostics mentionnent le même ensemble de causes : croissance de la demande, en particulier des pays émergents, perturbations climatiques, concurrence des biocarburants, le prix du pétrole (élève les coûts du transport et pousse à la hausse ses substituts) , spéculation, la faiblesse des stocks mondiaux, même si elles peuvent être classées dans des ordres d’importance différents. Nous constatons que les analyses ne mentionnent quasiment pas les déficiences de la gouvernance en matière de politique agricole à l’échelle internationale et se privent d’une évaluation des effets de la dérégulation des marchés agricoles imposée par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), les institutions de Bretton Woods et d’autres institutions ainsi que les Etats qui y détiennent le pouvoir. En réalité, pendant plus de 15 ans, l’orientation vers le « tout au marché » a engendré des cours mondiaux extrêmement bas qui, combiné au démantèlement des principaux instruments de politique agricole, a conduit à l’abandon de l’agriculture dans certaines régions pauvres du monde et à un exode rural important. Cette situation prévaut dans la plupart des pays en voie de développement, qui ont, pour la plupart, subi les « ajustements structurels », mais elle est également vraie pour les pays membres de l’Union européenne. En effet, la politique agricole commune (PAC) évolue comme les autres en délaissant de plus en plus les instruments de régulation des marchés. La Commission européenne a choisi, lors de sa réforme de 2003 d’abandonner ses principaux instruments de régulation (interventions, stockage, quotas). A l’occasion du Bilan de Santé qui sera adoptée cette année encore, la Commission, sans avoir tiré les leçons des expériences du passé, poursuit dans cette voie. Parallèlement, dans les négociations en cours à l’OMC , l’Union européenne consent à une nouvelle baisse importante des mesures de protection aux frontières (droits de douane, clause de sauvegarde, droits fixes, contingents tarifaires…), invalidant ainsi définitivement les instruments de régulation de marché de sa politique agricole. La flambée des prix et ses conséquences sont un signal salutaire qui nous rappelle que l’alimentation est un besoin premier, et que l’agriculture en est l’unique source. L’activité agricole est le fait de très nombreuses exploitations, pour la plupart familiales, même dans les pays riches. Elle constitue le revenu de plus de la moitié de la population dans de nombreux pays, en ce y compris en Chine. Le secteur agricole génère aussi directement de très nombreux emplois au sein des filières ainsi qu’en amont, sans compter l’importance pour l’agriculture européenne, entre autre, de conserver un nombre élevé d’exploitations agricoles réparties sur l’ensemble du territoire (maintien du tissu rural, efficacité économique et environnementale). Il serait illusoire de rechercher un remède miracle. C’est plutôt, une conjonction de mesures qui pourra infléchir les évolutions actuelles. Il importe de ne pas opposer le soutien de l’agriculture à la consommation, mais bien de les concilier. Le soutien des prix « à la production » ne devrait pas peser sur la consommation. Ce ne sont pas les soutiens des prix qui sont en cause dans la flambée actuelle des cours, bien au contraire (les consommateurs ont tous largement bénéficié des importants gains de productivité obtenus dans l’agriculture). Par contre, la disparition, ou l’inexistence dans certains cas, des mesures de soutiens handicape la production agricole en paupérisant des centaines de millions de producteurs et en les conduisant à la faillite. En conséquence il faut : Sur le plan des échanges commerciaux, tant du point de vue de l’offre agricole que de la demande, il est nécessaire de rechercher la stabilité et la prévisibilité ainsi que l’absolue assurance de pouvoir bénéficier d’une alimentation saine et appropriée pour tous. En conséquence, nous souhaitons que dans l’optique du renforcement des cohérences régionales et du principe de souveraineté alimentaire : Contacts : FWA - Yves Somville tél. 081/60.00.60 FJA - Olivier Plunus tél. 081/60.00.60 UAW - Anne Petre tél. 081/60.00.60 CSA - Alex Danau tél. 02/412 06 60 titre documents joints
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